
Xtra tout : pratique typique
Définition ludique
Quand l’ombre d’une tempête se dessine, les employés des marchés d’alimentation deviennent automatiquement les meilleurs météorologues sur l’archipel. Quand la météo semble vouloir se déchaîner pour quelques heures, il est bien connu que les Madelinots accourent dans les épiceries pour faire des provisions, « juste au cas » (et souvent avec raison!). À certains moments, on se croirait même en 1943, quand le navire arrivait aux Îles avec des denrées. Aujourd’hui l’approvisionnement est facile, mais à l’annonce d’une bourrasque de vent, les souvenirs des derniers restants d’ouragan font vider les étalages de pain et de lait plus vite que le premier homard qu’on mange de la saison! À défaut d’emmagasiner dans la pantry, on accumule presque compulsivement dans le deuxième frigo, celui du garage. D’ailleurs, selon la palabre, la branche madelinienne de l’Office de la langue française penserait sérieusement à moderniser le terme engrangement pour « engaragement ».
Toujours un petit extra
Nous savons que s’alimenter est un des besoins primaires de tout un chacun. Sur un archipel, au beau milieu du golfe du Saint-Laurent, les marchés d’alimentation se classent au premier rang des services essentiels pour y répondre. Jean-Philippe Déraspe, propriétaire et directeur du Marché Bonichoix Boni D et Roxanne Bénard, directrice adjointe, sont bien placés pour en être témoins.
À la veille du mauvais temps, il n’est pas rare de faire la file à la caisse chez Bonichoix. « S’il annonce une tempête, c’est full au magasin. On voit surtout des gens qui, comme ma mère, ne sont pas du type ‘’conserve et popote’’ et qui font normalement leur épicerie au jour le jour. », explique Roxanne. Auparavant, plusieurs maisons étaient remplies de denrées préparées et conservées pour les jours d’hiver, mais il en est autrement aujourd’hui. « Chez ma mère, quand elle était jeune, ils avaient beaucoup de nourriture accumulée. Ils avaient une certaine autonomie alimentaire. Aujourd’hui, c’est moins présent. C’est beaucoup plus culturel que nécessaire. », ajoute Jean-Philippe. En effet, on observe encore des habitudes d’engrangement aux Îles de la Madeleine. « C’est un phénomène qui va sans doute perdurer, même si on a des épiceries pleines de produits à longueur d’année. J’ai l’impression que c’est comme un réflexe, une méthode de survie que d’accumuler des ressources. Et une épicerie, c’est ça, ça te permet d’accumuler les ressources pour t’alimenter. On se dit que s’il arrive quelque chose, on va être prêts. », souligne Jean-Philippe.
Effectivement, par jour de tempête, aux Îles, il faut être prêt. Il arrive que les chemins soient impraticables et que la visibilité soit complètement nulle pendant plusieurs jours, ce qui oblige tout le monde à rester à la maison. Heureusement, les Madelinots ont l’habitude d’être isolés, et c’est ce qui a forgé, au sein de la communauté, une valeur primordiale : l’entraide. « La solidarité aux Îles fait en sorte qu’on se tient. Je m’estime chanceux; j’ai une grande famille tissée serrée. On en a des difficultés, mais tout le monde s’entraide. », mentionne Jean-Philippe. Ce sont ces valeurs d’entraide et de solidarité qu’a voulu mettre Jean-Philippe au cœur de la gestion de son entreprise. « Roxanne et moi, on essaie toujours d’être présents pour donner un coup de main aux équipes sur place. On se rend disponibles et on est à l’écoute des besoins. », explique-t-il en affirmant voir l’équipe de Bonichoix comme une communauté ou même une grande famille.
Comme toute entreprise, le Marché Bonichoix Boni D vit ses propres tempêtes. « Avec le problème de main-d’œuvre, c’est sûr et certain qu’on y arrive pas toujours comme on voudrait, mais c’est la réalité du moment. On a à cœur la clientèle et ses besoins et on fait toujours de notre mieux pour offrir un bon service à la clientèle, une disponibilité, des produits frais et des heures d’ouverture adaptées. », explique Jean-Philippe.
C’est donc dire qu’au Marché Bonichoix Boni D on s’assure que les clients, autant que les employés, ne manquent de rien au quotidien et, surtout, pendant les tempêtes. Et, comme le dirait Roxanne, quoi de mieux pendant une bonne tempête que de cuisiner : « Ça réchauffe! Souvent on fait des desserts, des carrés à tout plein de choses ! ».
Activités calendaires
Recette
Pendant une journée de tempête, c’est le moment parfait pour préparer des petites douceurs. La tarte à la sauterelle (ou carrés à la sauterelle) est une des recettes classiques!
Tarte à la sauterelle
Ingrédients
Pour les abaisses de tarte
- 40 gaufrettes au chocolat écrasées
- 1/4 tasse de margarine ou beurre fondu
- 32 grosses guimauves blanches
- 1/4 tasse de lait
- 1/2 tasse de crème de menthe verte
- 2 tasses de crème à fouetter
Préparation
- Bien mélanger les ingrédients pour les abaisses. En tapisser le fond de deux assiettes. Réserver.
- Faire fondre les guimauves au bain-marie avec le lait.
- Ajouter la crème de menthe et faire prendre légèrement au congélateur environ une demi-heure.
- Fouetter la crème, ajouter à la préparation, mélanger uniformément.
- Verser dans les abaisses de tartes et laisser prendre au congélateur. Décorer avec copeaux de chocolat.
- Conserver au congélateur jusqu’au moment de servir.
Recette issue de l’édition 1951-86 de l’ouvrage Cuisinons avec les fermières des Îles de la Madeleine.
