Pépé m’a dit que dans son temps, la cuisine c’était l’univers des femmes et la shed celui des hommes. Je suis obligée de dire que c’est encore un peu de même aujourd’hui. Pas que je passe tout mon temps dans la cuisine, loin de là, mais il y a certainement encore des réunions d’hommes dans les sheds.
Les sheds d’après-midi. J’ai l’impression que j’aurais pas ma place là. On dit que c’est un moment où les hommes se retrouvent entre eux pour réinventer le monde et pour faire des palabres. J’ai demandé à pépé : « Qu’est-ce qui se passe l’après-midi dans ta shed? » Ses réponses étaient floues, mais il m’a quand même raconté des histoires de concours de têtes de cages et de gros mess de chiards à la viande salée.
Il m’a aussi dit que c’est là qu’on fait frire les croxignoles parce que mémé ne supporte pas l’odeur que ça fait dans la maison. Donc, pendant que les femmes tressent les croxignoles, ça se passe entre hommes, dans la remise… J’suis pas mal sûre d’avoir vu son p’tit sourire en coin. D’après moi, ils en profitent pour voir si leur bagosse est prête…
Même si je ne saurai peut-être jamais ce qui se passe durant ces après-midi-là, y’a des moments où je suis quand même la bienvenue dans les partys de shed. C’est quand on se réunit en famille ou entre amis pour une soirée de jeux. On se fait des tournois de dards ou de cartes. Ma meilleure affaire, c’est que tout le monde amène un instrument de musique et quelque chose à manger : aspic aux palourdes, salade fusilli, sandwichs pas de croûte, sucre à la crème, bonbons aux patates, etc.